Récits
Préserver la confidentialité et garantir l’anonymat est vraiment essentiel dans notre démarche.
Avant de partager quoi que ce soit issu de nos interventions, nous prenons le temps de tout passer au peigne fin : les données sont anonymisées, et toutes les infos qui pourraient permettre d’identifier une personne ou une organisation sont retirées avec soin.
Nous adaptons aussi parfois certains éléments de contexte pour être sûrs que personne ne puisse être reconnu.
Une crèche associative
Notre premier cas concerne une association spécialisée dans la petite enfance. Elle compte un salarié, plusieurs bénévoles et plusieurs membres du Conseil d’Administration. Le salarié et les deux bénévoles ont moins de 35 ans et portent une forme de renouvellement générationnel et idéologique de l’association. Les cinq membres du Conseil d’Administration ont plus de 60 ans. Ces 8 personnes font le constat qu’elles ne parviennent plus à travailler ensemble conjointement et c’est pourquoi elles font appel à l’intervention socianalytique.
L’intervention met en évidence une crispation entre les générations, des désaccords idéologiques sur les questions éducatives ainsi que des visions opposées sur ce que constitue le travail associatif. L’ex salarié et les bénévoles souhaitent penser en profondeur les conditions de salariat quand les administrateurs plaident plutôt pour une philosophie de l’engagement associatif comme engagement militant.
L’intervention met également en évidence la non confiance existante entre les membres de cette association qui a conduit au non renouvellement du contrat à durée déterminé de l’ex salarié.
L’assemblée a permis à chacun-e de s’exprimer. Cela a permis de nommer les conflits, les problématiques et les peurs de chacun.e. L’assemblée a également permis à chacun-e d’être reconnu pour son travail.
En les nommant, l’assemblée a pu mettre un terme aux logiques de confrontation et aux peurs engendrées par ces logiques. Suite à cette intervention, l’ex salarié est embauché en CDI avec une augmentation significative de salaire et une administratrice a décidé de s’en aller, reconnue et rassurée. La nouvelle équipe trouve une organisation du travail assainie, les tensions entre les visions sont apaisées et la dynamique de coopération est rétablie.
Un collectif agricole
Nous sommes intervenues à trois socianalystes dans une ferme organisée en GAEC : une éleveuse, un cultivateur, une maraîchère, un couple de jeunes polyvalents qui aident pour diverses tâches, et le couple de paysans cédants qui souhaitent partir à la retraite. La ferme étant organisée en collectif plus large avec des citoyens qui ont participé à l’achat, l’intervention regroupe une quinzaine de personnes.
Les tensions se situent à plusieurs niveaux : entre les « repreneurs » d’une part, entre les « repreneurs » et les cédants d’autre part, et enfin entre ceux qui sont « sur le terrain » et les citoyens. Le travail permet de mettre en mots ces tensions-là, de les nommer et de les analyser sans les confondre. Nous mettons au jour un dispositif de tension en cascade, que l’on pourrait résumer ainsi : « ceux qui travaillent » contre « ceux qui surveillent ». En effet, les jeunes paysan.es ont la sensation d’être surveillés à la fois par les cédants et par les citoyens, qui eux ressentent une forme de rejet, ou du moins de non-inclusion. Dans ce dispositif, le jeune couple polyvalent a l’impression d’être surveillé par tous, de même que les cédants se sentent jugés par des personnes soit plus jeunes, soit d’un milieu différent.
Nous parlerons longuement de ce que chacun.e entend par « travail », et des différentes dépendances qui lient les personnes entre elles (pour le pire mais aussi pour le meilleur) et les personnes aux lieux.
L’intervention va permettre de formaliser les rapports entre les citoyens et les fermier.es, de sorte que la sensation de surveillance n’ait plus cours tout en tentant d’inclure les citoyens, et de mettre en place un accompagnement à long terme sur le sujet de la cession elle-même et du projet global de la ferme.