La Noue s’est constituée autour de notre pratique commune de la socianalyse. L’intervention socianalytique a pour fondements théoriques et pratiques l’analyse institutionnelle et la psychosociologie.

L’Analyse Institutionnelle est née dans les années 1960 dans le sillage de la pédagogie institutionnelle ou de la psychothérapie institutionnelle qui avaient renversé le point de vue de leurs disciplines en y affirmant cette idée simple : le savoir n’est pas détenu ou construit par les experts (sociologues, pédagogues ou psychiatres), mais bien par celles et ceux qui vivent et construisent les situations. C’est donc elles et eux qui sont en mesure de les analyser.

L’intervention socianalytique

Intervenir, c’est agir. Nous considérons le groupe comme une forme sociale produite par une construction dynamique et vivante, le fil conducteur de l’intervention est donc lui aussi dynamique et composé collectivement tout au long du travail d’enquête. Nous sommes des tiers extérieurs qui provoquons un dérangement : nous partons du postulat que perturber un système social nous permet de mieux le connaître. Le dérangement causé par notre présence est un outil d’analyse, de même que les projections dont nous sommes les objets ou les sujets. La reconnaissance de notre « non-neutralité » nous rend très vigilantes au fait de soutenir les analyses produites par les participants eux-mêmes et de mettre à distance nos propres représentations.

L’analyse collective : Nous cherchons à construire les conditions qui permettent aux protagonistes de faire eux-mêmes collectivement l’analyse de leurs dynamiques. Nous nous appuyons sur la figure de l’assemblée : nous proposons que soient réunies toutes les personnes impliquées dans le problème en question. Chacun sait quelque chose que d’autres ne savent pas forcément. Il s’agit de soutenir la fonction critique d’un groupe et de lui permettre de réfléchir hors des cheminements habituels de ses pensées et pratiques. Ceci afin d’aboutir à d’autres visions d’un problème et d’accéder à la complexité d’une situation. L’intégration de nouvelles dimensions amène souvent à refonder des modèles dont les disfonctionnements ont été à l’origine d’une demande d’intervention externe.

La transversalité : nous nous affranchissons des frontières entre disciplines et spécialités. La diversité de nos parcours respectifs encourage cette pluralité d’approches. Ce décloisonnement permet « la prise en compte des interactions entre individuel et collectif, l’imbrication du tout et des parties, la vision de la question sous l’angle des acteurs, en même temps que sous l’angle du système et des structures »*Manuel de socianalyse – Christiane Gilon et Patrice Ville). Nous nous intéressons aussi bien aux discours des personnes, à leur imaginaire et à leur dimension symbolique qu’aux faits et à la base de l’organisation du groupe. 

Des interventions courtes :

Nos interventions durent entre 3 et 5 jours sur des journées complètes, à 2 ou 3 intervenantes. Cette concentration, qui entraîne la suspension de la configuration habituelle du groupe, est propice au travail d’analyse collective. Cette modalité relève aussi d’un certain pragmatisme : le temps est souvent une raison du blocage à l’intervention. Il est difficile de trouver les conditions pour réunir sur un temps conséquent tout un groupe de personnes et de suspendre son activité. Le rythme de nos interventions n’est pas pour autant figé et tend à s’adapter à chaque situation rencontrée. Après ces premiers jours intenses, nous pouvons proposer au cas par cas des formes de présence plus souples.   

La psychosociologie

Quelques sociologues et psychosociologues intègrent l’épistémologie psychanalytique et l’hypothèse de l’inconscient à leurs connaissances des organisations sociales et à leurs pratiques de l’intervention. L’institution devient un objet d’analyse : entre autres par l’étude des rapports individu/société et la mise en lumière des liens étroits qui existent entre processus psychique et processus sociaux.

L’étude du fonctionnement des groupes et des organisations, les processus de changement, les rapports de pouvoir, le traitement des conflits psychologiques et sociaux, mettent en tension des registres du politique et de l’inconscient noués dans les situations sociales que sont les espaces institués.

Nos façons d’intervenir sont aussi nourries d’autres méthodes :

L’entraînement mental

L’entraînement mental est une méthode d’éducation populaire qui aide à comprendre les situations complexes pour mieux agir. Elle repose sur une démarche en quatre étapes : observer, comprendre, imaginer, agir. C’est une manière de penser collectivement, de développer l’esprit critique, et de sortir des idées toutes faites. On l’utilise dans des groupes, des associations, ou des collectifs pour démêler des problèmes sociaux, professionnels ou politiques, et trouver des pistes d’action concrètes.

La médiation conventionnelle

La médiation conventionnelle est un mode de résolution des conflits dans lequel deux ou plusieurs parties font appel, volontairement, à un tiers neutre – le médiateur – pour les aider à trouver une solution commune. Elle repose sur l’écoute, la confidentialité, et la volonté de chacun de chercher un accord, sans passer par un juge. C’est un espace sécurisé pour dialoguer, restaurer la confiance et co-construire une issue à un conflit, qu’il soit personnel, professionnel ou associatif. »